Édito
L’année 2019 a été un tournant pour la politique tunisienne. Kaïs Saïed a remporté la présidentielle le 13 octobre 2019. Ce novice en politique de 61 ans, « candidat d’aucun parti », était jusque-là universitaire et professeur de droit. Une situation inédite qui nous a interpellés.
Deux chiffres, surtout, nous ont frappés. Certes, 80 % des jeunes qui sont allés aux urnes ont voté pour Kaïs Saïed. Mais, il n’y a que 10 % des jeunes qui sont allés voter. Nous avons alors souhaité savoir à quoi ressemble cette jeunesse tunisienne, en très grande partie non politisée.
En novembre 2019, pendant une semaine, nous avons multiplié les rencontres. Grâce au partenariat entre l’EPJT et l’Ipsi à Tunis, nous avons pu profiter de contacts privilégiés avec la jeunesse locale.
Des soirées électro aux manifestations pour la liberté d’expression, des jeunes veulent faire bouger les choses. À travers une série d’interviews, de portraits et de reportages, ce magazine vous permettra de découvrir cette génération engagée. Bonne lecture.
Nesrine Makhlouf
27 ans, artiste designer installée au Kram (nord de Tunis)
« Je prône le métissage culturel. C’est ça la richesse. Je propose des vêtements aux motifs africains avec des coupes européennes ou asiatiques. »
Mahmoud Benaissa
21 ans, producteur de musique électronique et disc-jockey tunisien
« Le matériel est bien trop cher pour de jeunes DJ comme moi. Pendant plusieurs mois, j’ai payé 15 dinars par semaine pour pouvoir m’entraîner sur des platines. »
Wajih Dhakkar
22 ans, étudiant en quatrième année de médecine à Tunis
« En 2011, après la Révolution, on n’a pas gagné grand-chose à part la liberté d’expression. Mais aujourd’hui, elle est encore bafouée. »
Lina Elleuch
24 ans, association Mawjoudin
Omar Besbes
17 ans, lycéen, participant aux Olympiades internationales d’informatique
« Dès que j’ai le moindre moment de libre, je fais de la programmation. Je ne veux pas perdre de temps. Je veux créer une start-up qui pourra être utile au monde en utilisant l’intelligence artificielles. »
Houssem Hamdi
38 ans, intervenant auprès des jeunes sur la thématique écologique
« Les jeunes sont plus impliqués au niveau écologique. Ils font preuve d’une certaine vivacité lorsqu’il s’agit de changer les choses. Ils peuvent amener de bonnes habitudes chez eux. »
Mohamed Mohamed
29 ans, chômeur diplômé
« Le ministère ne nous répond pas. Il ne propose pas de solution. Il estime que ce n’est pas un problème. Mais avec l’arrivée de Kaïs Saïed, nous avons de nouveau de l’espoir. »
Amine Lakhnech
31 ans, cinéaste, réalisateur de True Story
« Mes parents étaient amoureux du cinéma d’horreur. J’ai été initié au cinéma via l’horreur, l’épouvante. Cela m’a fait réfléchir et c’est là que mon imaginaire se sent chez lui. »
Notre équipe
Six étudiants français et tunisiens en journalisme âgés de 18 à 23 ans
Photo prise le dernier jour de notre voyage pédagogique dans la capitale tunisienne. Nous sommes ici à à Sidi Bou Saïd, à quelques kilomètres de Tunis.