PSG Academy, une niche pour les riches
Par Louis BOULAY, Camille MONTAGU et Arnaud ROSZAK
Photo : Arnaud ROSZAK/EPJT
Installée à Marrakech depuis 2016, la PSG Academy attire une partie des enfants de la bourgeoisie marocaine. En échange d’une licence onéreuse, les jeunes joueurs peuvent profiter d’un cadre idéal pour progresser. De quoi entretenir les rêves d’une carrière professionnelle…
Le soleil se couche sur la ville. Les benjamins terminent leur session. Les 14-17 ans ; vêtus aux couleurs du PSG, entrent sur le terrain et commencent à s’échauffer. L’entraînement va débuter.
Au programme : des exercices pour apprendre à exploiter les largeurs du terrain. Un planning similaire à toutes les catégories d’âge au sein du club. Situées à l’extérieur du centre-ville de Marrakech, les installations de la PSG Academy n’ont, à première vue, rien d’exceptionnelles. « L’académie a été créée il y a trois ans. Nous n’avons qu’un seul terrain pour l’instant », précise Amine Sehaqui, responsable administratif et commercial du club.
Une trentaine de joueurs figure dans la catégorie 14-17 ans de la PSG Academy.
Arnaud ROSZAK/EPJT
La pelouse n’est pas assez grande pour effectuer des matchs à 11 contre 11. Un local, relativement modeste, se trouve près du carré vert. Il regroupe les vestiaires et la buvette du club.
Au fil de l’entraînement, quelques jeunes sortent du lot. On les remarque à leur investissement. « Certains sont là pour le loisir, d’autres sont beaucoup plus compétitifs. Notre objectif est de satisfaire les deux camps », explique Arnaud Cattenoy, directeur technique des PSG Academy au Maroc. Une logique qui se retrouve jusque dans les procédures d’inscription.
Les familles doivent payer une licence dont le prix oscille entre 800 et 1 000 euros par an. Un montant très important quand on sait qu’une licence en France coûte environ 150 euros.
« Le prix est trop élevé, mais je veux que mon fils puisse évoluer dans les meilleurs conditions possibles, témoigne un parent venu assister à l’entraînement de son fils. Il explique que celui-ci est inscrit dans un club de golf et un autre de karting. « Il joue pour le plaisir, commente-t-il. C’est un grand sportif mais devenir un joueur professionnel ne fait pas partie de ses rêves. »
Une minorité de jeunes intègre le groupe sur critères sportifs.
Photo : Camille MONTAGU/EPJT
Seulement 4 % des jeunes sont recrutés sur critères sportifs. En effet, si le club organise des détections pour les jeunes n’ayant pas les moyens de s’inscrire, pour le reste des recrues, le niveau n’est pas primordial. Le PSG possède trois autres académies au Maroc : Casablanca, Rabat et Salé-Kinatra. Avec plus de 75 enceintes à travers le monde, le club de la capitale française est présent dans 14 pays.
Pour le PSG, l’objectif de ses académies est avant tout de développer son image à l’international. Parfois, l’institution peut s’implanter seule ou opérer par le biais d’une franchise. C’est le cas à Marrakech. Ici, le PSG n’a investi aucun argent. Les installations ne lui appartiennent pas. Elles sont la propriété de la société Prestigia, une entreprise spécialisée dans l’immobilier de luxe au Maroc.
Les plus âgés vivent leur dernière saison sous le maillot de la PSG Academy.
Louis BOULAY/EPJT
En 2016, l’entreprise fait l’acquisition de ces terres, décide d’y installer un terrain synthétique et fonde une alliance avec le Paris Saint-Germain pour pouvoir utiliser leur marque. « En échange, le PSG touche de l’argent, choisit les entraîneurs et le contenu des entraînements. En revanche, nous n’avons jamais financé quoi que ce soit. C’est Prestigia qui s’en occupe », détaille Arnaud Cattenoy.
Les jeunes peuvent s’entraîner jusqu’à quatre fois par semaine aux côtés d’anciens joueurs professionnels du championnat marocain.
Bien entendu, le logo du club français a son importance pour les académiciens. « Lorsque je joue, j’ai l’impression de représenter le Paris Saint-Germain » confie Soufiane Baligh, 17 ans, l’un des jeunes footballeurs. Il a été attiré par les installations du club et le contenu des entraînements.
C’est également le cas de Mohammad Chraibi, 17 ans lui aussi : « Les équipes au Maroc ne sont pas fortes. C’est impossible de progresser si tu es dans l’un de ces clubs. »
L’entraînement terminé, les jeunes les plus motivés confient leur rêve de devenir professionnel. Mais, ces académies ne sont pas des centres de préformation. Depuis leur création en 2005, seuls deux joueurs issus des PSG Academy du monde entier ont intégré le centre de formation parisien. À Marrakech, un jeune a récemment été sélectionné par le centre de formation du Kawkab Marrakech.
Photo : Arnaud ROSZAK/EPJT
Ces chiffres ne refroidissent pas les jeunes. « Je veux être footballeur dans n’importe quelle équipe européenne et la PSG Academy nous permet de nous améliorer », soutient Soufiane Baligh.
Si Arnaud Cattenoy assure ne pas faire rêver les postulants, il affirme aussi ne pas pouvoir les « empêcher les jeunes de rêver ». Reste que le club ne se prive pas d’en tirer profit.
Des terrains impraticables
Le contraste est saisissant vis-à-vis des autres clubs de la ville. Le centre de formation du Kawkab Marrakech, la plus grosse équipe de la ville qui évolue en première division marocaine (Botola Pro). Le club fait pâle figure à côté du site de la PSG Academy. La situation sportive du club est très délicate, la descente étant quasiment actée. Les installations pour les apprentis footballeurs sont vétustes : le synthétique est très abîmé, les trois terrains en pelouse comportent d’énormes zones sans gazon et les buts, bien souvent, n’ont pas de filets. Des conditions difficiles pour les 150 jeunes qui évoluent ici et rêvent de devenir professionnel.
Photos : Louis Boulay/EPJT