Ianis Dumitru avait pour projet de s’installer aux Pays-Bas, après y avoir étudier l’informatique.
Ianis Dumitru est de ceux pour qui l’émigration a été un déclic quant à ses priorités. Parti en quête de meilleures conditions économiques, il est finalement revenu en Roumanie, pour retrouver ses proches.
Par Maylis Ygrand (texte et photos)
Les études dans son pays sont, toujours d’après lui, trop tournées vers la théorie. Il trouve en Hollande une approche plus pratique, qui semble mieux lui correspondre. Au-delà de la formation, Ianis rêve aussi de s’y installer, afin de bénéficier de meilleures conditions de vie et d’un salaire plus important.
Mais rien ne se déroule comme prévu. Il enchaîne les désillusions, et décide finalement de rentrer dans sa terre natale. À maintenant 21 ans, il est revenu étudier en Roumanie et ne regrette en rien son choix. Il a retrouvé ses proches et sa vie sociale : « Ma maison me manquait, ma famille et mes amis aussi. »
Une histoire qui illustre bien la baisse de l’émigration des jeunes que connaît actuellement la Roumanie. Il existe toujours de forts flux. La raison initiale est principalement liée aux conditions économiques. Afin d’échapper à un taux de chômage particulièrement élevé, les jeunes partent s’installer en Europe de l’Ouest notamment. Cependant, les chiffres s’amenuisent significativement depuis quelques années.
En plus des études, Ianis Dumitru a également travaillé, aux Pays-Bas, dans un café et comme chauffeur pour HelloFresh.
En effet, d’après l’Institut national de statistique, en 2022, pour quatre jeunes qui quittent la Roumanie, ils étaient cinq en 2017. Le taux de chômage chez les moins de 25 ans reste pourtant élevé : 22,3 % en juin 2023, selon Eurostat. Mais les flux d’émigration fléchissent chez les jeunes. Alors à quoi est dû cette baisse de l’émigration ?
Pour Ianis, c’est finalement en s’installant à l’étranger qu’il comprend où est sa maison. Il est certes satisfait des cours aux Pays-Bas, mais cela lui paraît insuffisant. Il ne se sent pas chez lui : « Je me sentais intégré par les internationaux mais pas par les Néerlandais ». Il trouve « les Roumains plus ouverts ».
« Je préfère vivre dans un pays où je suis moins bien payé mais où se trouvent ma famille et mes amis »
Outre le manque d’intégration, sa vie sociale pâtit d’une différence de culture. Il observe qu’autour de lui, la majorité des personnes ne sortent pas la tête de leurs études. Et quand c’est le cas, « si tu ne fumes ou ne bois pas, tu ne peux pas t’amuser ». Il ajoute : « Là-bas, tu n’as personne pour simplement aller boire un café ». Une façon de se distraire qui ne lui convient pas. Sortant tous les soirs en Roumanie, la vie aux Pays-Bas lui paraît à côté bien solitaire.
Cette expérience a ainsi redéfini ses priorités : « Je préfère vivre dans un pays où je suis moins bien payé mais où se trouvent ma famille et mes amis. » Se verrait-il aujourd’hui repartir ? Il évoque d’abord l’Espagne avant d’ajouter à la hâte : « Mais quelques années, pas toute ma vie ! »