Jusqu’au bout de son rêve

La vie est moins chère en Roumanie. Carla-Marie et ses amis peuvent donc se permettre de profiter de la vie nocturne, bien plus qu’en France.

Face à des filières particulièrement sélectives, de nombreux étudiants français quittent la France pour se former en Roumanie. C’est ainsi que Carla-Marie Ubaud s’y est installée, il y a bientôt six ans, pour ses études de vétérinaire.

Par Maylis Ygrand (texte et photos)

Chaudement vêtue, Carla-Marie Ubaud marche d’un pas assuré dans les rues de Bucarest. Cela va faire six ans qu’elle arpente les artères de la capitale. Que ce soit pour aller en cours, pour donner un coup de main dans un refuge pour animaux ou pour sortir, elle a appris à connaître la ville et le pays.

D’origine marseillaise, elle a quitté la France pour réaliser son rêve, celui de devenir vétérinaire. Un cas loin d’être anecdotique. En effet, face à la sélectivité de certaines filières en France – comme vétérinaire ou médecine – la Roumanie offre une planche de salut à nombre d’étudiants français. Ceux-là franchissent le cap et s’y installent le temps des études. Cet afflux a permis la création de véritables sections françaises dans diverses universités roumaines comme celle de médecine vétérinaire de Bucarest. Ce qui attire ainsi d’autres étudiants hexagonaux qui n’hésitent plus à émigrer pour leurs études.

Carla-Marie entame sa sixième et dernière année en Roumanie, à l’école vétérinaire de Bucarest.

C’est l’histoire de Carla-Marie Ubaud. La sélection pour entrer en école de vétérinaire est très forte, le nombre d’établissements étant limité. Elle décide donc de tenter sa chance à Bucarest. À l’époque, « on voyait de plus en plus de vétérinaires formés en Roumanie car leur diplôme est reconnu en France », explique-t-elle. En effet, le 18 octobre 2012, les gouvernements français et roumain ont conclu un accord sur la reconnaissance académique des diplômes et des périodes d’études de l’enseignement supérieur. Il est entré en vigueur le 30 avril 2013. C’est grâce à lui qu’en 2018, Carla-Marie Ubaud dépose ses valises dans la capitale roumaine.

À maintenant 24 ans, elle arrive bientôt à la fin de son cursus. Dans quelques mois, elle quittera donc cette vie qu’elle s’est construite ces dernières années, pour revenir dans sa terre natale. Avec les cours suivis à la faculté de médecine vétérinaire de Bucarest, elle a rencontré des étudiants venus de toute la France. « Le fait de vivre loin de notre pays nous a soudé », sourit la jeune femme. Entourée de ses amis, principalement français, elle « s’est créé une famille ». Elle va au cinéma, elle danse en boîte, sa jeunesse se passe à Bucarest.

Grâce aux cours dispensés, elle a pu se former au métier de ses rêves, « avec des professeurs très investis ». Elle a meme été élue déléguée de classe. Un rôle qui demande plus de travail et d’énergie qu’en France. Elle doit par exemple s’occuper des plannings des examens.

Elle a commencé, au fil des ans, à donner de son temps pour l’association franco-roumaine Charly Le Blanc. Ce refuge récupère des animaux abandonnés, les soigne et leur trouve un nouveau foyer. Au départ, Carla-Marie Ubaud s’était proposée comme famille d’accueil. Depuis, de fil en aiguille, elle s’est investie dans d’autres missions, comme la communication.

« La maison me manque »

Une vie remplie qui a pu se créer grâce à l’accueil qu’elle a reçu. En arrivant à Bucarest, elle connaissait déjà une famille roumaine et cette dernière l’avait invitée « pour fêter la saint Nicolas  ». Une attention qui l’avait particulièrement touchée alors qu’elle tentait de trouver ses marques.

En plus d’avoir pu découvrir un nouveau pays ainsi que sa population et sa culture, cette vie bucarestoise l’a ouverte plus globalement au monde. « À Bucarest, vivent des gens de toute origine. » Elle a ainsi rencontré des jeunes de toute nationalité, dans une ville où vivent de nombreux étudiants qui participent au programme Erasmus.

Pense-t-elle un jour s’y installer, après ses études ? « La maison me manque, la France me manque, le fromage me manque  », finit-elle dans un large sourire. Et ce, malgré la présence de nombreux expatriés, entreprises et étudiants français qui amènent avec eux un bout de l’Hexagone. Vivant en Roumanie depuis maintenant six ans, elle n’a pu rentrer en France que trois fois par an : à Noël, à Pâques et durant les vacances d’été. Un rythme qui parfois lui pèse car sa « famille lui manque  ».

Maintenant que la Roumanie lui a permis de réaliser son rêve, elle souhaite « se poser et donc retourner en France malgré le fait que la vie ici [me] plaît. Nous sommes venus en sachant que nous allions repartir ».